La ligne de chemin de fer en 1845
- l’un par une ligne directe qui traverserait les grandes landes
- l’autre par une ligne courbe qui prendrait naissance à Podensac ou Langon et se replierait vers Mont de Marsan
Extrait du compte rendu de cette réunion
« La loi précisait deux lignes distinctes
- l’une de Bordeaux à Bayonne
- l’autre de Bordeaux à Toulouse
Dans le plan du tracé par Mont de Marsan il n’existe plus qu’une de ces deux lignes, celle de Bordeaux à Toulouse ; et la ligne de Bordeaux à Bayonne disparaît pour faire place à une nouvelle ligne qui partirait de Podensac ou Langon. Dans cette hypothèse il n’y aurait qu’un tronçon de ligne à la place d’une ligne entière.
Par la suite la ligne de Bordeaux à Toulouse deviendrait seule ligne principale et maîtresse tandis que la ligne de Bordeaux à la frontière d’Espagne ne serait plus qu’une ligne secondaire subordonnée et dépendante.
Au point de vue des intérêts généraux les chemins de fer comme toutes les grandes voies de communication doivent être envisagées sous le triple rapport de la longueur des distances, de l’économie et de l’utilité.
Le rapport de la longueur
La longueur du trajet à parcourir du tracé direct est de 175 km. La longueur du tracé opposé à partir de Langon ferait une différence en faveur du direct de 50 km.
Le rapport de l’économie
Les frais d’établissement, la dépense de la voie de fer entre Langon et Bayonne par un terrain tourmenté, converti en certains points de riches propriétés coupées de rivières et de routes royales qui entraînent la nécessité de viaducs considérables dépasseraient des trois cinquièmes au moins la dépense de la ligne entière par le centre des Landes, sur un terrain uni, sans accident notable, et à travers de vastes domaines communaux qui s’offrent d’eux-mêmes pour rien.
Cette dernière ligne se trouve dans des conditions tout à fait exceptionnelles qui ne peuvent être assimilées à aucun autre chemin de fer en France et qui forment l’élément principal du succès de l’entreprise.
Si l’on évalue le prix du transport des voyageurs et des marchandises, en prenant pour base de ce prix les tarifs les plus modestes, la ligne courbe fera payer aux voyageurs cinq francs de plus par tête et aux marchandises neuf francs de plus par tonne que la ligne directe.
Le rapport de l’utilité
On ne peut contester que le tracé direct en abrégeant les distances ne serve mieux les intérêts de deux grands centres de population comme Bordeaux et Bayonne mais encore de deux grandes nations comme la France et l’Espagne.
Nous voulons dire aussi l’intérêt de cette ligne pour la production du pin maritime. Ces vastes plaines aujourd’hui incultes peuvent immédiatement se transformer en forêts exploitables d’ici à cinq ans et susceptibles de fournir aux constructions civiles et navales des bois estimés ; aux usages industriels et hygiéniques un fonds inépuisable de combustible, avantage précieux pour un pays de bois comme la France.
Il est aussi digne de remarquer que le flot de la population grandit dans des proportions qui alarment tous les économistes prévoyants. Il est d’une sage politique d’élargir en quelque sorte le sol de la Patrie, de dilater ses entrailles pour donner plus de place, plus d’air à ses enfants. Une voie de chemin de fer traversant les Landes ne manquerait pas d’attirer une population considérable de travailleurs occupés à défricher, et ensemencer, à féconder les terrains vagues sur une superficie de plus des 50 lieues carrées ; des agglomérations nombreuses se formeraient déchargeant les villes d’un trop plein dangereux.
La ligne directe loin de traverser un désert comme on le prétend est bordée dans le sud du département des Landes de 67 communes dont la population moyenne est de 1000 habitants, tandis que la ligne courbe dans le sud ne présente qu’une moyenne de 835 habitants par commune.
Les régions sillonnées par le tracé direct possèdent encore d’immenses landes communales ouvertes à de vastes entreprises et réservées à une prospérité infinie.
La ligne courbe détruirait un grand nombre d’industries locales comme roulage, transports, hôtelleries qui se sont formées sur la route royale n° 10 et que le parallèle de sa puissante rivale ruinerait sans retour. D’ailleurs les localités situées sur la ligne courbe expriment la crainte de voir passer le chemin de fer en milieu d’elles comme une menace de ruine.
La grande lande ne blesserait aucun intérêt existant.
Les voies de communications promises jusqu’à ce jour n’existent encore que sur le papier.
La grande lande présente un contraste frappant avec toutes les autres parties du département. Elle offre le singulier spectacle d’un immense pays systématiquement oublié, sacrifié. D’un paysan qu’on accuse d’être arriéré lorsqu’on a muré pour lui toutes les avenues de la civilisation. Cette lande infortunée verse sans cesse dans le trésor de l’État, dans la caisse départementale, sans parler du sang de ses enfants, sans jamais entrevoir la plus légère parcelle lui revenir en améliorations réelles et sérieuses. Il y a évidemment inégalité de charges. Si cet état devait se perpétuer à jamais il constituerait un déni de justice, une oppression criante, dont un pays comme la France ne donnera pas le bel exemple.
La lande de demain se contente de la modeste faveur de quelques stations et gares semées de loin en loin où elle pourra embarquer ses produits pour les diriger vers Mont de Marsan, Bordeaux ou Bayonne.
La lande est seule avec l’intérêt général, seule avec la justice contre les influences puissantes qui ont mission de la défendre et qui se tournent contre elle. Dans cette occurrence il appartient à un gouvernement équitable de jeter dans la balance le poids de sa haute et impartiale décision.
Par tous ces motifs le Conseil Municipal émet le vœu à l’unanimité que dans le choix qui doit être fait sur les tracés reliant Bordeaux à la frontière d’Espagne le tracé direct ou centré par les grandes landes soit préféré, comme le plus court, le plus économique et le plus utile ».
Cette grande ligne de chemin de fer traversera bien la grande lande mais laissera de côté Sore et Mont de Marsan. C’est la ligne actuelle qui passe par Morcenx.
Un site raconte les voies ferrées des Landes
La gare de Sore est citée sur le parcours Le Nizan-Luxey : à voir ici