Un peu d'histoire...
Les camps romains
Deux camps auraient existé à Sore pendant la Guerre des Gaules. Jules César, en campagne contre les Vasates (Bazas) et les Tarusates (Tartas), les aurait implantés aux Castéras, dont le nom actuel trahit encore l’origine (du latin « castrum), et au Pichouret, à 7 km vers Pissos.
On voit encore la butte des « Casteras » près de l’ancienne maison de retraite.
Les traces des invasions
De par sa situation, Sore a été le carrefour de voies importantes : Celle de Sore à Bordeaux (camin de Bourdéou) et L’Estrade de Morderet, vers Bazas et Langon. Cette dernière a été utilisée plus tard par les pèlerins de Compostelle, à partir du XIe siècle, mais surtout depuis la fin du XVe. La troisième, vers Sud partait vers Labrit, Mont de Marsan et les Pyrénées.
Les Arabes, les Vascons, les Wisigoths, puis les Normands sont certainement passés par Sore, si l’on se réfère aux écrits de l’abbé Mengelatte, et à ceux de Me Laurent Descoubes.
Me Descoubes se fonde sur l’origine proposée de certains toponymes comme « lou merle » (le « pont du merle ») ; près d’un promontoire nommé « Castelsarrazin » situé rive droite de la Leyre, vers Argelouse, là-même où la tradition situe un mythique « veau d’or ».
De quand le premier « château » de Sore date-t-il ?
Le cartulaire de Bigorre mentionne sa destruction par les Normands en 843, mais ce document a été rédigé entre 1100 et 1300.
Les cartulaires(du latin médiéval chartularium), sont des recueils de copies établis par des personnes ou des institutions, de documents relatifs à des biens ou à des droits, ou concernant leur histoire ou leur administration. Ils proviennent généralement d’abbayes ou de cathédrales.
Le Château de Sore
Parler de châteaux à propos des mottes castrales paraît quelque peu exagéré. En fait, c’étaient des constructions assez modestes érigées dès le Xe siècle. Le site lui-même avait plus d’intérêt stratégique que la construction elle-même. Celle-ci était constituée de palissades et d’un ouvrage de bois, sur une élévation de terrain. Peu à peu, l’édifice a gagné en importance. Aliénor d’Aquitaine, au XIIe a autorisé le seigneur d’Albret à construire (ou reconstruire) le château.
Eléments du château
Il s’élevait à la place des anciens « Castéras », 10 m au dessus de la Leyre et des ruisseaux de Picoy et des Arrocqs. Le château était protégé par les défenses naturelles que constituent son aplomb sur la Leyre et par de vastes fossés alimentés en eau par un système d’irrigation. On en relève des traces jusque dans les années 1940/1950.
A l’intérieur de ces défenses s’est bâtie la Ville, autour d’une chapelle aujourd’hui disparue, dédiée à Notre Dame. Le nom est resté pour désigner cette partie Nord de l’agglomération, par opposition au bourg, où s’élèvent l’église Saint Jean-Baptiste et actuellement la mairie.
Qui passe à Sore…passe partout (dicton local)
Au milieu du XIIIe, Amanieu VII, seigneur d’Albret, avait eu recours à la main d’œuvre des Sourets pour restaurer et améliorer le château de Sore, mais aussi ceux d’Aillas, de Castelnau de Cernès et de Labrit.
Certains pensent qu’en récompense, il leur aurait été accordé le privilège nommé « droit de souchet » ou « souquet » sur les marchandises traversant la ville. Les Sourets n’auraient donc pas manqué de percevoir régulièrement cet octroi légitime, d’où le dicton.
Les portes du château de Sore.
L’accès se faisait par trois portes. Une seule subsiste, celle du Sud, proche du moulin. Elle est appelée parfois « Porte des Anglais ». La porte Est a été démolie en 1784. Ses pierres ont servi pour le presbytère, transformé aujourd’hui en maison médicale. La porte Nord-Ouest a été détruite sur décision du conseil municipal en 1836, pour servir aux travaux du pont. Il ne s’agit pas du pont actuel.
La porte de la Ville (proche du moulin)
C’est le seul vestige du château encore debout (La chapelle St-Rémy est en ruines). Elle a été construite dans la seconde moitié du XIIIe siècle. C’est un ouvrage massif, d’une épaisseur de 3 mètres. Elle ouvrait, en contrebas, vers le Sud, et la voie de Labrit et Mont de Marsan. N’oublions pas que Sore dépendait de la seigneurie d’Albret, dont le berceau est Labrit.
Particularités : Elle est construite en garluche, ou pierre d’alios, dont la couleur est due au fer qu’elle contient. C’est un matériau très résistant, caractéristique de la Haute Lande. L’ogive est en pierre blanche, moins solide. En dessous, on reconnait l’emplacement de la herse. On aperçoit aussi les vertiges d’un petit escalier qui menait au sommet (pour la manœuvre de la herse) vers une petite tour.
A remarquer : Côté droit, sur la moulure, on reconnaît une feuille d’acanthe et une tête de bélier. Mais le joyau se trouve à la clé de la voûte. Cette pierre porte le monogramme du Christ.
L’histoire récente de cette pierre est étonnante : Retrouvée dans les ronces, elle été transportée au musée de Borda à Dax. En 1980, Sore la récupère et l’expose à la salle des fêtes, lors d’une manifestation organisée par l’Ecomusée de la grande Lande. Elle a fini par retrouver sa place.
Notons qu’en 1981 avait été créée une l’association, « les Amis du Vieux Sore », dont le but était la sauvegarde du patrimoine local.
Après une longue attente, la démarche a enfin abouti. La porte de la Ville a été classée monument historique le 7 octobre 1992.
L’évolution de la Ville
En 1577, pendant les guerres de religion, la Ville a été presque entièrement rasée par les Huguenots et ses habitants ont été massacrés. Quelques rares maisons ont été moins touchées, ou réhabilitées. Peu à peu, la Ville s’est reconstruite, mais pas le château.
Actuellement, une des plus vieilles maisons de Sore est celle que l’on peut voir encore devant l’ancienne maison de retraite (famille Tauzin, puis Martin).
La Chapelle Saint-Rémy
Extra muros, il existait un « hospital » et une chapelle, qui accueillaient les pèlerins depuis le XIe ou XIIe. Selon Me Descoubes, leur présence est signalée en1608 « depuis un temps immémorial » dans les comptes du Conseil de Fabrique, qui gérait l’église Saint Jehan du bourg et la chapelle.
Cet ensemble se trouvait à l’extérieur : Les pèlerins inspiraient peut-être le respect, mais aussi la méfiance. De plus, ils ne sentaient pas toujours très bon… Il y avait même un cimetière, autour de la chapelle, pour ceux que les forces avaient abandonnés, définitivement.
Deux itinéraires ont été identifiés :
L’un venait de la France du centre, passait par Bazas, puis par Sore, via l’estrade de Morderet, ensuite Moustey, Lipostey et Bayonne. L’autre, depuis Bordeaux, empruntait la porte nord de Sore et celle du Moulin, pour gagner Labrit, Mont de Marsan et les Pyrénées.
Au XVIIe, la chapelle en mauvais état a été restaurée. Mais son déclin était inéluctable. En 1885, elle a été désaffectée, et transformée en grange à foin. En 1965, elle s’est écroulée.
Quant à l’hôpital, une maison d’habitation a été aménagée sur son emplacement.
La Ville et Le Bourg.
Le Bourg, traversé par la Leyre, s’est développé parallèlement à la Ville. Longtemps, il a été moins important.
La rue principale porte le nom du dernier survivant d’une vieille famille qui, en 1875 a laissé un legs important pour la construction d’un « hospice » de vieillards. Cet établissement est devenu la maison de retraite Broustra, construite au sud de l’ancienne motte castrale. Elle est restée en service jusqu’en 2011. Elle a été remplacée par L’EHPAD « les Balcons de la Leyre », construit au bourg par la CCPA.
Texte de Jean Rodes. Sources : Me Laurent Descoubes, Sore et son passé ;documents manuscrits de l’abbé Mengelatte, (bibliothèque de Sore).